Le pojagi est une technique de patchwork qui mérite bien plus qu’un simple regard. Bien que souvent associé au Japon, le pojagi trouve en réalité ses racines en Corée. Cet art textile ancien, tout en subtilité et en raffinement, a su traverser les siècles et les frontières pour séduire les amateurs des arts textiles du monde entier. Dans cet article, nous allons explorer ce qu’est le pojagi, son histoire, ses particularités techniques et pourquoi il continue de séduire les créateurs et créatrices aujourd’hui.

Qu’est-ce que le pojagi ?

Le terme pojagi désigne une technique de couture traditionnelle coréenne qui consiste à assembler des morceaux de tissu pour créer une pièce unique. Mais ce n’est pas juste un patchwork classique. Ce qui rend le pojagi si particulier, c’est son jeu de transparence et ses finitions soignées. Chaque couture est minutieusement réalisée pour être aussi belle sur l’endroit que sur l’envers, ce qui permet de confectionner des pièces réversibles et de haute qualité.

À l’origine, le pojagi servait de tissu d’emballage, un peu à la manière des furoshiki japonais. Les Coréens l’utilisaient pour emballer des objets précieux, offrir des cadeaux, ou même comme nappe et rideaux. Ces morceaux de tissu cousus ensemble avaient souvent une signification symbolique : ils portaient chance et étaient associés à la prospérité et à la protection. Les motifs et couleurs des pojagi variaient selon les occasions et l’intention derrière chaque création.

Technique de couture pojagi© iStock

Le pojagi, un art ancestral toujours vivant

L’histoire du pojagi remonte à l’époque de la dynastie Joseon en Corée, soit entre le 14ème et le 19ème siècle. À cette époque, la société coréenne mettait un point d’honneur à ne rien gaspiller, notamment les tissus qui étaient alors rares et coûteux. Le pojagi était donc une façon ingénieuse de réutiliser des chutes de tissu pour en faire quelque chose de beau et de fonctionnel.

Les pièces de pojagi se distinguaient par leur grande diversité de motifs. On trouvait des pojagi faits à partir de soie, pour les familles nobles, et des pojagi en coton pour les classes populaires. Les couturiers et couturières de l’époque prenaient soin de créer des motifs harmonieux, souvent inspirés de la nature, des animaux, ou encore de symboles spirituels comme le taegeuk (le symbole du yin-yang coréen).

Au fil des siècles, le pojagi a su évoluer et s’adapter aux tendances modernes, tout en gardant son essence artisanale. Aujourd’hui, cette technique connaît un regain de popularité international, où elle est adoptée par les amateurs de patchwork et de couture pour sa finesse et sa dimension artistique.

Couture pojagi© iStock

Le charme du pojagi : la transparence et la lumière

L’un des aspects les plus fascinants du pojagi est son rapport à la lumière. Contrairement aux patchworks traditionnels, le pojagi est souvent réalisé avec des tissus légers et transparents comme la soie fine ou l’organza. Lorsqu’on suspend une pièce de pojagi à une fenêtre, la lumière la traverse, créant un effet visuel proche du vitrail. Les différentes couches de tissus laissent entrevoir des jeux de couleurs et de textures qui évoluent au fil de la journée.

Cette transparence confère au pojagi une qualité presque mystique. Le rendu est délicat et poétique, et chaque couture devient une ligne graphique qui dessine des motifs géométriques élégants. C’est cet aspect qui séduit les artistes et les passionnés de décoration aujourd’hui. Dans un monde où tout va vite, le pojagi nous invite à prendre le temps de contempler et d’apprécier la beauté de la simplicité.

Transparence et lumière du pojagi© iStock

Les techniques de base du pojagi

Ce qui distingue le pojagi des autres patchworks, ce sont ses techniques de couture spécifiques. Pour réaliser un pojagi, il ne suffit pas de coudre deux morceaux de tissu l’un contre l’autre. La méthode traditionnelle exige une couture appelée « couture rabattue » ou « couture anglaise », qui consiste à replier les bords des tissus avant de les assembler. Cette technique permet d’obtenir des coutures nettes et invisibles, ce qui rend la pièce réversible.

Voici quelques points clés de la couture pojagi :

  • Les coutures rabattues : Elles donnent de la solidité aux assemblages et évitent que les bords ne s’effilochent. Ce type de couture crée aussi une finition propre et soignée.
  • Les coutures invisibles : L’un des objectifs du pojagi est que chaque couture soit aussi belle à l’endroit qu’à l’envers, rendant la pièce réversible.
  • La géométrie des motifs : Le pojagi repose souvent sur des motifs géométriques, comme des carrés, des rectangles ou des triangles. Les couturiers expérimentés peuvent aussi créer des motifs plus complexes, mais l’art du pojagi reste accessible aux débutants grâce à ses formes simples.


Ces techniques permettent de créer des pièces à la fois robustes et élégantes, qui peuvent être utilisées comme rideaux, nappes, écharpes, ou même comme objets de décoration murale.

Tissu pour pojagi© iStock

Pourquoi le pojagi séduit-il autant aujourd’hui ?

Le pojagi connaît un renouveau grâce à sa combinaison de tradition et de modernité.

  • Un retour à l’artisanat et à la slow fashion : À une époque où la production industrielle domine, le pojagi incarne un retour à la lenteur et à la minutie. Il valorise le travail manuel, l’attention aux détails, et une approche durable de la création. En réutilisant de petites chutes de tissu, le pojagi s’inscrit parfaitement dans une démarche de recyclage et développement durable.
  • Un art accessible : Pas besoin de matériel sophistiqué pour commencer le pojagi. Une aiguille, du fil, et quelques morceaux de tissu suffisent. C’est une technique que l’on peut facilement apprendre chez soi, à son rythme, en suivant des tutoriels en ligne ou en s’inspirant de beaux ouvrages.
  • Une liberté créative infinie : Le pojagi offre une grande liberté de création. Les utilisateurs peuvent choisir les motifs, les couleurs, et la taille des pièces à assembler. Que l’on préfère les tons pastel pour un rendu délicat ou les couleurs vives pour un effet plus audacieux, le pojagi permet de créer des œuvres uniques et personnalisées.
  • Un lien avec la nature et la spiritualité : De par ses racines culturelles, le pojagi est étroitement lié à la nature et à des valeurs spirituelles. C’est un art qui invite à la méditation et à la contemplation. Réaliser un pojagi peut être une manière de se recentrer, de se connecter à soi-même, tout en créant quelque chose de beau.
Pojagi à carreaux© iStock

Comment intégrer le pojagi dans la décoration moderne ?

Si le pojagi a su charmer les amateurs de couture, il fait également des merveilles dans la décoration intérieure. Voici quelques idées pour intégrer le pojagi chez soi :

  • En rideaux ou panneaux de fenêtre : Le pojagi révèle toute sa magie lorsqu’il est traversé par la lumière. Un panneau de pojagi suspendu devant une fenêtre peut créer une ambiance douce et apaisante, rappelant celle d’un vitrail.
  • En nappe ou chemin de table : Les pièces de pojagi apportent une touche d’élégance à la table. Elles s’accordent aussi bien avec une vaisselle moderne qu’avec un décor plus classique.
  • En art mural : Le pojagi peut être encadré comme une œuvre d’art. Ses motifs géométriques et ses jeux de transparence en font une pièce de choix pour habiller un mur vide. C’est un moyen de donner un caractère unique à un espace tout en apportant une touche artisanale, fait main.
  • En accessoires de mode : Pourquoi ne pas porter le pojagi ? Certains créateurs l’utilisent pour réaliser des écharpes légères, des foulards ou même des sacs. Ces accessoires ont un aspect raffiné qui plaît à celles et ceux qui recherchent des pièces uniques.
Dessus de lit en pojagi© Pexels

Conclusion : le pojagi, un art à (re)découvrir

Le pojagi est bien plus qu’une simple technique d’arts du fil. C’est un art ancestral, un héritage culturel riche qui continue de se réinventer. Avec son jeu de transparence, ses finitions impeccables et sa dimension symbolique, le pojagi a tout pour plaire à ceux qui cherchent une pratique créative et apaisante. Il nous invite à ralentir, à apprécier le travail fait main, et à célébrer la beauté des petites choses.

Alors, que vous soyez passionné des arts du fil, de couture, ou simple curieux, pourquoi ne pas vous laisser séduire par le pojagi ? C’est une manière de s’initier à un art venu d’ailleurs, tout en créant des objets qui ont une âme. Qui sait, peut-être qu’après avoir essayé, vous ne regarderez plus jamais les chutes de tissu de la même manière.

Tissus pojagi© iStock