COUTURE : ADOPTEZ L'UPCYCLING !
Pour aller encore plus loin, nous vous expliquons comment créer de nouveaux habits à partir de vêtements de seconde main.
Voici comment appliquer l’économie circulaire à vos prochaines coutures.
Les 3 grands principes pour une couture plus responsable
La réparation
La première façon la plus évidente de coudre de façon responsable, c’est de réparer ses vieux vêtements usés ou tachés plutôt que d’en racheter. Selon le vieil adage « c’était mieux avant », votre pull chéri, tricoté pure laine par votre grand-mère il y a 15 ans, peut rester un must have de votre garde-robe en lui donnant un petit coup de jeune.
Voici 4 options :
- Éliminer ses peluches avec un rasoir spécifique
- Le renforcer avec des coudières en cuir pailleté ultra tendance
- Rapiécer ses trous avec du tissage « visible mending » en fil Lurex
- Cacher une vilaine tâche avec un patch brodé
Vous l’aurez compris, le meilleur moyen d’avoir une garde-robe éthique, c’est de conserver ses vêtements le plus longtemps possible en les réparant.
La récupération textile
Si conserver la même garde-robe ad vitam æternam manque un peu de créativité pour vous, pas de panique ! Vous pouvez rester éco-responsable tout en cousant de nouveaux vêtements ! Il suffit pour cela de partir de tissus déjà existants. Ces textiles n’ont pas été produits spécialement pour votre couture, mais ils sont recyclés ou issus de fin de stock de maisons de confection. Vous pouvez aussi récupérer le tissu de vêtements usagés pour en coudre de nouveaux. Ainsi des rideaux en lin pourront devenir un pantalon large d’été très tendance, comme celui que vous propose de réaliser Laure Coulombel @ilovedoityourself dans son ouvrage « Upcycling Créatif » aux éditions Le temps Apprivoisé.
En utilisant des stocks dormants ou en donnant une seconde vie à des tissus, vous évitez de passer par la case « production textile » très polluante pour l’environnement.
L'upcycling de vêtements
Une troisième approche de la couture éco-responsable consiste à créer des habits en partant de vêtements existants. Au-delà du recyclage, cette démarche est intitulée « upcycling » car elle cherche non seulement à être circulaire dans l’utilisation de la matière première, mais aussi à magnifier l’existant pour créer une garde-robe actuelle, tendance et personnalisée.
Avec 2 t-shirts basiques, réalisez des t-shirts bicolores en décousant et inversant leurs manches. Ainsi un sweat-shirt basique devient une pièce de collection avec une poche centrale ajoutée, retaillée dans une nappe brodée de grand-mère… Des jeans troués sont découpés puis assemblés en patchwork pour créer une veste unique… Laissez libre cours à votre imagination !
Les techniques les plus courantes
Reprisage
Technique ancienne et indémodable, le reprisage vous permet de réparer vos vêtements troués en retissant les fibres textiles endommagées. Avec du fil et une aiguille, reformez les fils de chaîne et de trame d’un pull ou d’un textile en passant le fil dans les bords du trou à combler. Vous pouvez aussi utiliser un speedweaving, un mini-métier à tisser qui permet de recréer la fibre textile avec précision.
Pour les surfaces courbes comme les talons de chaussettes usés, utilisez un œuf ! Pas celui de la poule ! Il s’agit d’un œuf de reprisage en bois que vous glissez dans la chaussette pour tendre la maille à l’endroit du trou et ainsi faciliter le reprisage tout en conservant la forme du talon.
Traditionnellement, le reprisage s’effectue avec un fil de même couleur, de même épaisseur et de même texture que celui du vêtement à réparer, afin d’être invisible. Cependant, depuis plusieurs années, le « visible mending » ou reprisage visible consiste à utiliser des fils de couleurs contrastées, fluorescentes ou en lurex métallisé pour transformer cette réparation en véritable œuvre d’art. Tout comme le kintsugi japonais, qui consiste à réparer la vaisselle cassée avec de la feuille d’or pour sublimer ses marques du temps, le « visible mending » met en avant le savoir-faire du reprisage.
Rapiéçage
Cette technique consiste à réparer ou renforcer un textile en y ajoutant une pièce de tissu supplémentaire, souvent cousue à la main ou à la machine. Elle permet de prolonger la durée de vie de vos vêtements tout en y apportant une touche esthétique unique.
Voici un petit lexique non exhaustif des techniques de rapiéçage textile les plus utilisées :
- Le « patch » Un morceau de tissu est appliqué sur la zone abîmée à l’aide d’un thermocollant double-face et/ou d’une couture à la main ou à la machine, au point zigzag ou au point de feston. Cet appliqué peut également être posé à l’arrière du textile, laissant ainsi le trou apparent.
- La broderie Sashiko Cette méthode japonaise consiste à renforcer les zones fragilisées du textile en brodant des motifs géométriques et décoratifs. Traditionnellement, le sashiko se brode au fil blanc sur des textiles indigo, mais de nombreux artistes le revisitent aujourd’hui pour le moderniser.
- Le Boro
Également originaire du Japon, cette technique consiste à superposer plusieurs tissus fixés avec des points visibles. Ces tissus, souvent dans une même gamme de couleurs, sont assemblés de manière aléatoire pour créer un effet patchwork sans motifs ni symétrie.
Assemblage, patronage
Si vous souhaitez récupérer des vêtements de seconde main pour les retailler et créer de nouvelles pièces à partir de leur tissu, voici quelques notions de base pour vous lancer :
- Choisissez les bons vêtements à recycler : privilégiez des tissus solides et encore en bon état. Les jeans et les chemises en coton épais sont particulièrement adaptés. Amusez-vous à associer plusieurs vêtements aux motifs et matières harmonieuses pour concevoir une pièce unique dans un esprit patchwork.
- Préparez bien votre tissu : lavez soigneusement les vêtements sélectionnés avant de placer votre patron dessus. Vérifiez s'il y a des zones à découdre avant de procéder à la découpe du tissu.
- Optimisez la récupération des éléments existants : conservez autant que possible les finitions des anciens vêtements, comme les boutonnières, poches, ourlets ou manches. Étudiez et adaptez votre patron afin de tirer parti de ces éléments et vous éviter certaines finitions.
Customisation
Dernière technique abordée dans cette liste non exhaustive des possibilités pour upcycler vos vêtements : la personnalisation. C’est sans doute la plus accessible, car elle s’adapte à toutes les techniques : couture, crochet, peinture, perles, paillettes, patchs thermocollants, broderie, teinture… tout est permis pour laisser libre cours à votre créativité !
Voici néanmoins quelques impératifs à respecter, quelle que soit la méthode choisie pour donner une seconde vie à un vêtement :
- Assurez-vous que votre customisation soit lavable : elle doit pouvoir passer en machine avec le vêtement ou être facilement amovible. La peinture textile et la broderie sur clips amovibles sont vos meilleurs alliés !
- Veillez au confort : votre personnalisation ne doit pas gêner le port du vêtement. Soignez l’envers de vos broderies, et si un fil lurex risque d’irriter la peau, ajoutez un tissu doux thermocollé pour protéger la zone.
- Choisissez des matières compatibles : des perles lourdes sur un tissu fluide risquent de le déformer, et un appliqué en soie sauvage sur du coton pourrait compliquer l’entretien. Vérifiez également que le tissu ajouté ne déteigne pas au lavage.
Où trouver l’inspiration et la matière première
Vive la seconde main !
Pour trouver votre matière première et créer votre garde-robe upcyclée et engagée, la meilleure source reste votre propre dressing ! Le trajet jusqu’à votre armoire sera clairement imbattable en bilan carbone et on ne peut pas faire mieux en économie circulaire que de réemployer ce qu’on a déjà.
Maintenant, vous avez aussi le droit d’aller chercher l’inspiration et la matière première ailleurs tout en restant respectueux de l’environnement. Les friperies, ressourceries et autres vide-greniers sont de très bons alliés pour les vêtements de seconde main. Tous les sites qui proposent de l’occasion aussi bien évidement, en faisant attention de ne pas choisir des habits qui vont devoir parcourir des centaines de kilomètres pour vous parvenir.
Certaines marques textiles vous proposent des coupons de fin de série de tissus. C’est un bon moyen d’éviter le gaspillage et de potentiellement dénicher des textiles de grande maison de couture à petits prix !
Enfin, certains acteurs textiles engagés produisent leurs tissus en respectant des normes environnementales et sociétales. Vous pouvez reconnaitre ces tissus grâce à ces labels :
- Oeko-tex (textiles sans produits toxiques pour la santé et l’environnement et produits dans le respect des conditions de travail)
- GOTS (attestant que le coton entrant dans la composition d’un textile est issu a minima à 75 % de l’agriculture biologique)
- BioRe (cultures de coton respectant l’environnement : limitation des pesticides, développement de la biodiversité…)
- RWS (Responsible Wool Standard : norme mondiale volontaire qui vise le bien-être des moutons et le respect des pâturages)
- Masters of Linen® (attestant d’un lin 100% made in Europe qui garantit la traçabilité européenne du lin, de la plante au fil et au tissu.)
L’industrie textile s’engage de plus en plus pour une production plus responsable. Vous pouvez retrouver tous les labels existants sur leur site.
© UnsplashDes créateurs engagés
Nous espérons que toutes ces bases pour créer une mode plus responsable vous auront aidé à choisir votre technique de prédilection pour réinventer votre dressing écologique et créatif !
Pour aller plus loin et pour vous inspirer, vous pouvez suivre le collectif Une Autre Mode Est Possible qui regroupe des créateurs de mode engagés. Chacun applique une ou plusieurs des solutions énumérées dans cet article afin de créer des pièces uniques ou en petite série, pensées pour être durables et éthiques.
